Saintrick : La Rumba congolaise, un courant musical à la base de mon style de musique

L’auteur, compositeur et interprète annonce la sortie d’un nouvel opus, « My time »

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L'artiste Saintrick

INTERVIEW. Natif du Congo Brazzaville en 1968, Patrick Joël Mayitoukou Saintrick est un auteur, compositeur, interprète et arrangeur multi-instrumentiste reconnu qui s’illustre dans un style combinant divers genres musicaux issus du Congo, du Sénégal où il réside et d’ailleurs. Nous l’avons rencontré en marge de la 9ème édition du Festival et marché professionnel des musiques d’Afrique et du Moyen-Orient, « Visa for Music ». L’Occasion de revenir sur sa brillante prestation à cet important rendez-vous, organisé du 16 au 19 novembre dernier à Rabat (Maroc), et de nous présenter son nouvel opus, « My time ».

PAGESAFRIK : Vous faites partie des artistes qui se sont produits lors de la 9ème édition de Visa for music. Avant d’en parler, comment allez-vous ?

Saintrick : Je vais très bien merci surtout après avoir participé à un marché de la musique aussi déterminant et important.

Qu’est-ce que cela vous a fait d’être à nouveau invité à grand rendez-vous ?

Être à nouveau invité à un rendez-vous aussi prestigieux est déjà un gage de respect pour la carrière de l’artiste que je représente. Le Visa For Music est un marché où nos showcases sont analysés avec minutie par les professionnels, jugés en live par un public habitué à une certaine qualité artistique ; et en faire partie relève du choix d’un jury de professionnels, d’où la fierté de se savoir classifié parmi les meilleures prestations du continent du moment.

Big respect à l’équipe de Visa for Music et je profite de l’occasion pour remercier ce public qui m’a fortement exprimé son engouement sur l’ensemble du spectacle et bien sûr l’ensemble de mes musiciens, Sassy, Lionel, Janvier et Esdras pour la qualité de leur prestation et bien entendu mon manager et producteur Luc Mayitoukou et toute la team Zhu Culture, Régina Miangué qui m’habille, Marhelle et Stan mandef.

« My time » est le titre de votre nouvel opus. Pourquoi ce titre ? Et pourquoi avoir choisi de le présenter au Maroc, plus précisément au festival Visa for music.

« My Time » n’est pas spécifiquement un des titres de cet album, il n’en est même pas spécialement la synthèse ou le résumé, il est bien plus que cela. « My Time » comme son nom l’indique imprime le « moment » enfin arrivé de s’élever encore plus haut au-dessus de la mêlée. Le présenter au Maroc, à Visa For Music en est justement la résultante, rien n’arrive par hasard. Déjà sur le plan stratégique, on ne pouvait pas manquer de saisir l’occasion de sortir un album sur un Marché de la Musique à la veille du show-case qui présente justement le nouveau spectacle composé également des nouveaux titres de cet album « My Time ». Et connaissant déjà le Visa For Music, mon staff Zhu culture et moi-même savions parfaitement les enjeux de le sortir devant des programmateurs de festivals et des tourneurs.

Que pouvons-nous savoir d’autres sur cet album ?

« My Time » est un album de douze titres chantés en Lari, Lingala, Wolof et français dans ce style d’Afro-fusion qu’est le « Yeketi » mélange de rumba, mbalax, ndombolo, bossa, reagge, pop-mandingue, de rythmes traditionnels congolais comme le batéké ou encore le Bakongo.

« My Time » est aussi une histoire de « cover », des adaptations de titres du groupe italien La Bionda, de Franklin Boukaka et de Jacques Loubelo ; et de participation d’illustres artistes comme le regretté Manu Dibango, le très respecté Ismaël Lô, le charismatique Didier Awadi, la belle Adiouza Diallo et fidèle Sassy Songo sans oublier mon talentueux jeune frère Fredy Massamba.

‘’My Time’’c’est aussi déjà deux vidéo clip déjà produits (Ahé Africa et Ngai na Yow’’ et très bientôt, d’autres clips encore que les mélomanes pourront découvrir.

Votre nouvel opus a connu la participation de Freddy Massamba. Quel a été son apport ?  Et que retenez-vous de cette collaboration ?

Alors pour ceux qui ne le savent peut-être pas, Fredy Massamba a fait ses classes au sein de mon groupe Les Tchielly de 1993 à 1997. Sa première scène professionnelle dans la musique fut ma première partie de Youssou Ndour en avril 1993 au Palais des Congrès de Brazzaville. Quand il avait appris de passage à Dakar que j’enregistrais mon album, il avait tenu à ne pas manquer l’occasion d’en faire partie.

Fredy Massamba, comme je l’ai indiqué plus haut est pétri de talent, et il l’a encore démontré dans cet album « My Time » en s’investissant dans l’arrangement des voix dans le titre « OZALI » reprise de « Ata Ozali » de Franklin Boukaka. Avec Fredy Massamba je ne parlerai pas spécifiquement de collaboration vu notre passé, c’est dans l’ordre du naturel, on est membre des « Tchielly » à vie !

Le public marocain est réactif, attentif et participatif

Après votre brillante prestation sur la scène de Rabat, comment avez-vous trouvé le public marocain ?  Que pensez-vous de l’organisation de cet évènement ?

Je connaissais déjà la ferveur et surtout l’ouverture d’esprit du public marocain depuis 2009 lors de mon passage au festival TIMITAR d’Agadir. Ils n’ont pas trahi leur réputation, cette fois-ci. C’est un public réactif, attentif et participatif.

Le Visa For Music fait partie des meilleures organisations d’évènement du continent. Je suis très bien placé pour en juger vu que je les fréquente pratiquement tous. Lorsque les sommités du réseau professionnel africain mais aussi de l’Occident font le déplacement de Rabat, c’est dire la qualité de l’organisation de ce marché qu’est Visa For Music.

Rendons hommage aux précurseurs de la Rumba sans oublier de soutenir ceux qui l’entretiennent

Le 14 décembre dernier, l’UNESCO a inscrit la Rumba congolaise sur la liste représentative du patrimoine culturel immatériel de l’humanité. Qu’est-ce que cela représente pour vous ?

J’enseigne depuis 7 ans à l’Université Gaston Berger (UGB) de St Louis du Sénégal de la 1ère année (L1) au Master 2 en parcours MISICOLOGIE dans la section MAC (Métier des Arts et de la Culture). Dans mon cours d’Histoire de la Musique essentiellement centré sur la Musique africaine, j’évoque la migration de la Rumba (ex Nkumba) issue du rite de la séduction, par le biais de l’esclavage. C’est dire mon attachement à ce courant musical qui est la base de mon style de musique.

La mauvaise écriture de l’histoire l’avait attribué à Cuba, mais la bataille de nos instances nous a reconduits dans notre droit de paternité. C’est plus qu’une fierté pour moi, c’est un soulagement. Il est important d’expliquer aux gens que lorsqu’un élément devient patrimoine Culturel immatériel de l’humanité, il appartient désormais à l’humanité entière même s’il vient de chez nous. Tous ces artistes d’aujourd’hui qui font de la rumba doivent donc être plébiscités parce que ce sont eux qui contribuent à la faire exister et à la promouvoir. Rendons donc hommage à nos précurseurs de ce style, mais n’oublions pas de soutenir ceux qui l’entretiennent encore.

Merci

Propos recueillis par Alain Bouithy & Fredrich Gunther M’Bemba

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