Lettre ouverte aux Ecclésiastiques, membres du gouvernement, parlementaires, conseils consultatifs et institutions congolaises et internationales

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Ghys Fortuné Dombe Bemba, fondateur du groupe de médias Talassa. Ph: La-croix.com

Primis, Messieurs les Ecclésiastiques,

« Acquiers la vérité, n’en fais pas commerce, de même pour la sagesse, l’éducation et l’intelligence » (Pr 23,23).
En vous rappelant cette parole qui vous est coutumière, je ne doute pas un seul instant que le serment que vous avez pris de servir le peuple de Dieu et de le guider dans la vérité lorsque vous avez été investis de la respectable fonction que vous assumez aujourd’hui, vous confère une honorabilité ecclésiale de haute cime. Elle n’est nullement symbolique, elle participe de l’engagement à demeurer l’ami du pauvre et de l’opprimé. Ainsi, la principale mission que votre charge vous commande est de prêcher l’évangile et d’apporter en toute sincérité le réconfort à ceux qui sont plongés dans la détresse.
Mais, l’Église reste muette devant les crimes, les vols, les détournements des deniers publics, les tricheries, la corruption, autant d’anti-valeurs devenues la marque de fabrique des autorités congolaises. Pourtant la Bible recommande à dénoncer le mal (Esaïe 58:1, Ephésiens 5:11, Matthieu14:1-12)

Messieurs les Ecclésiastiques,

Êtes-vous insensibles aux conditions de vie des populations à qui vous adressez des homélies qui ne sont finalement aux yeux de vos fidèles que des paroles vaines et improductives, la misère allant crescendo ? « Un ventre affamé n’a point d’oreilles » nous enseigne le dicton populaire dont la pertinence est avérée.

J’interpelle votre conscience sur cette effroyable misère entretenue par ceux qui vous donnent du fromage pour que vous puissiez vous taire, à l’image du corbeau dans la poésie de Jean de La Fontaine. Image ubuesque, sans doute, mais c’est celle qui colle le mieux à votre personnalité dont je crains qu’elle soit dévoyée. L’Église combative, proche du peuple, a disparu. La promesse d’un avenir radieux que vous faites est devenue un leurre pour les chrétiens au regard de ce que nous vivons et que vous n’arrivez pas à dénoncer.

Messieurs les Ecclésiastiques,

Venons-en à la question des terres du Congo. Le 13 juin, au cours de la messe célébrant la journée de la terre, l’archevêque de Brazzaville, Monseigneur Bienvenu Manamika a pris, enfin, conscience de la vox populi vox dei, mais les paroles seules ne rassurent pas et ne suffisent pas. D’ailleurs elles sont incomplètes. Elles auraient à gagner à être consignées dans la Lettre des Évêques pour dédire l’interview accordée aux médias par le Secrétaire général de la Conférence épiscopale du Congo au sortir de l’audience avec le Premier ministre Anatole Collinet Makosso et le communiqué publié aux pas de charge. Les dignitaires de Brazzaville ont poussé leur perfidie jusqu’à brandir votre communiqué, pour servir de caution morale du clergé, auprès des institutions
internationales et missions diplomatiques. Messieurs les Évêques, vous vous êtes compromis dans les manœuvres sordides du gouvernement.

J’interpelle ici également les clergés protestant, salutiste, kimbanguiste, le Conseil Islamique du Congo, le Conseil supérieur des églises de réveil du Congo, les Ngundistes et les confessions animistes, pour leur silence coupable s’apparentant à une complicité avec le gouvernement qui martyrise les populations dans tous les sens du terme.

Mesdames et Messieurs les parlementaires,

Vous avez reconnu que la question des terres a suscité et suscite encore beaucoup d’inquiétudes, mais vous feignez d’avoir écouté le souverain primaire qui vous a pourtant délégué son pouvoir. Le choix de l’objectivité, de la raison et de la vérité est décidément une épreuve périlleuse pour vous. Votre présence à l’hémicycle se justifie à l’aune de votre allégeance au prince, je peux le comprendre. Mais je m’indigne du fait que votre rôle de contrôle de l’action gouvernementale ne soit qu’un simulacre servi au peuple. Les questions orales sont de simples pantomimes; le ludique l’emporte sur le débat des problèmes sérieux auxquels sont confrontées les populations.

Vous avez déclaré urbi et orbi que rien ne semble poser problème dans les accords que vous avez lus. Si ceux qui vous ont été présentés sont vrais, j’en doute, personnellement, sont-ils légaux au regard des articles 5, 44, 217, 218, 219 de la Constitution du 25 octobre 2015 que vous aviez vous même portée sur les fonts
baptismaux, sur le sang des Congolais ? Vous avez donné un blanc seing aux accords qui n’ont fait l’objet d’aucun débat populaire. De toutes les façons, les Congolais ne veulent plus d’un référendum pipé d’avance que veut organiser le pouvoir de Brazzaville.

Nous savons comment les opérations électorales se déroulent au Congo. Elles ne sont ni transparentes ni crédibles. Elles sont toujours entachées d’irrégularités. Si les textes de lois que vous votez à l’hémicycle s’érodent si vite de votre mémoire, je peux conclure que vous n’y êtes que pour garnir vos poches.

Messieurs les Ecclésiastiques, Mesdames et Messieurs les membres du gouvernement, du parlement et des conseils consultatifs,

La question des terres n’est pas close, comme vous semblez le prétendre. Elle est encore là et plus que d’actualité. A ce sujet, je me pose des questions légitimes auxquelles je sollicite vos réponses, comme la grande majorité sinon toute la population congolaise, puisque vous affirmez avoir lu et apprécié les accords pour dire qu’ils sont bons et « gagnant-gagnants» pour notre pays. Je marque mon étonnement sur cette fausse assurance que le gouvernement rabâche quotidiennement et que les suppôts du pouvoir et autres affidés reprennent en chœur comme des « moutons de Panurge ».

Quelle est donc la garantie de ce partenariat gagnant-gagnant ? Vous affirmez péremptoirement que les terres congolaises n’ont été ni vendues ni cédées. Avez-vous écouté et analysé ce que disent les Rwandais eux-mêmes sur les chaînes de télévision rwandaise des 980 kilomètres carrés de terres ( soit 2 fois la superficie de la ville de
Kigali) quand ils affirment haut et fort que celles-ci « appartiennent désormais au Rwanda » ? Quel sens, Mesdames, Messieurs, donnez-vous au verbe « appartenir » si ce n’est pas « avoir un droit de propriété sur quelque chose » ? Que dites- vous donc de la demande des actes fonciers formulée le 27 juillet 2021 par l’ambassadeur du Rwanda au Congo, Théoneste Mutsindashyaka auprès du Ministre d’État, M. Pierre Mabiala,
ministre des affaires foncières et du Domaine public (c.f les dépêches de Brazzaville, le Patriote, les Échos ) des médias proches du pouvoir de Brazzaville ? Je crois modestement savoir qu’il n’y a aucune différence entre acte foncier et titre foncier. La vérité, c’est celle-là. C’est un droit de propriété, dois-je le répéter. En toute responsabilité, le parlement devrait demander le retrait pur et simple de ces accords qui font polémique dans le pays. Les Congolais disent non aux Rwandais et à la culture du Ricin. Du Nord au Sud, ils marquent leur refus net et catégorique à la vente, la cession, ou le bail des terres quelle qu’en soit la forme. La terre congolaise ne manque pas de bras valides et solides pour son exploitation.

Que savez-vous vraiment des Rwandais ? Ce n’est pas à vous que j’apprendrai qu’avant d’héberger un étranger dans votre maison, vous devez savoir qui il est. Quelle est sa moralité, comment vit-il, et qui fréquente t-il ? Dans le cas d’espèce, la réponse est connue. Elle nous est fournie par la guerre qui sévit en RDC. Nos voisins, nos frères, vivent des moments effroyables. Le sang coule à flots à l’Est du Kivu. Vous n’avez pas besoin d’aller loin pour trouver les coupables. Les Rwandais est un peuple guerrier et sanguinaire avec des velléités hégémoniques sans pareille, vous le savez bien. Ils s’installent sur un territoire et y demeurent ad vitam aeternam.

Avez-vous oublié les Hutus arrivés depuis 1997 au Congo et qui ne sont plus jamais repartis au Rwanda malgré la demande qui leur avait été faite par leur gouvernement ? Maintenant que les Rwandais sont exemptés de visas d’entrée dans le territoire congolais, il n’est pas exclu que parmi eux se trouvent des Tutsis qui voudraient faire la guerre aux Hutus installés chez nous depuis 25 ans. Vouloir planter du piment, et cultiver le ricin dont les graines contiennent une toxine dangereuse et létale, n’est qu’un prétexte qui cache des desseins funestes.

Messieurs les membres du clergé, du gouvernement, du parlement et des conseils consultatifs,

En acceptant d’appartenir aux différentes institutions dans lesquelles vous exercez, vous vous êtes faits la promesse d’être au service du peuple congolais en toute loyauté. Sauf à jouer à l’hypocrisie, vous avez juré de ne pas lui mentir, de ne pas le trahir, de veiller à son bien-être. J’espère sincèrement que vous ne faites pas le parjure qui pourrait entacher votre honorabilité et vous rendre coupables et complices de forfaiture.

J’accuse les membres du gouvernement de tuer à petits feux les Congolais en faisant de notre pays leur patrimoine. Vous devriez savoir que le Congo appartient à nous tous et non à un clan. La gestion des affaires vous a été confiée pour rendre la dignité aux Congolais et pour améliorer leurs conditions de vie. Si vous manquez à votre devoir, le peuple vous demandera des comptes tôt ou tard. Il est temps que vous changiez votre gouvernance.

J’accuse le gouvernement de vouloir favoriser la création d’un tutsiland dans notre pays et créer des conditions de déstabilisation de la sous-région.
Je dénonce, en ma qualité de citoyen et copropriétaire des terres congolaises, l’acte ignoble de démantèlement du territoire national perpétré par le gouvernement.

Aux institutions internationales et aux cercles philosophiques

Le Congo-Brazzaville traverse une crise multidimensionnelle qui a atteint un paroxysme des plus inquiétants. Comme vous le savez, notre pays regorge d’immenses richesses naturelles et minières qui auraient pu lui permettre de rendre les Congolais heureux si des prédateurs de tout genre ne s’appropriaient pas la manne d’argent qu’elles génèrent. L’annulation de la dette n’a pas résolu le problème de déficit criard de notre économie, et pour cause, les dignitaires du régime ont mis la main basse sur le trésor public qu’ils assèchent impunément et sans retenue.

J’accuse les institutions internationales de favoriser la pérennisation au pouvoir des chefs d’État souvent auto-proclamés. Elles se rendent complices des pouvoirs claniques qu’elles continuent de nourrir à coups de millions. Les facilités de crédit autorisées par les institutions de Bretton Woods sont devenues l’occasion pour les dignitaires de s’enrichir. C’est un secret de polichinelle que de vous dire, Messieurs, Mesdames des institutions internationales, que le Congo est en cessation de paiement. Les salaires, les pensions de retraite, les bourses des étudiants, les créances des entreprises et autres ont été remis aux calendes grecques.

Ces derniers temps, la souveraineté du Congo est mise à rude épreuve. La question du bradage des terres reste préoccupante. Elle met en péril les relations de bon voisinage dès lors que la guerre qui sévit dans le Congo voisin met en belligérance un pays, le Rwanda, avec lequel nos autorités ont signé des accords de vente ou de cession des terres que les populations du Congo-Brazzaville dénoncent avec vigueur. Celles-ci craignent à juste titre que ces accords puissent entraîner une déflagration dans la sous-région à l’image du conflit qui se passe actuellement au Moyen Orient.

J’interpelle les organisations internationales, notamment l’Union Africaine, l’Union Européenne, les Nations Unies et les pays du G7 et autres afin qu’elles inscrivent dans leurs agendas la question de la gouvernance foncière en Afrique et particulièrement dans les pays de l’Afrique centrale. La prévention des conflits doit être une priorité pour éviter un embrasement qui pointe à l’horizon.

Enfin, j’interpelle les associations philosophiques de toutes les obédiences, vous qui avez prêté le serment d’éclairer la cité, vos lumières semblent éteintes. Les enjeux actuels ne peuvent vous laisser indifférents. Vous êtes des hommes et des femmes libres.

Ne soyez pas phagocytés par des partis-pris ou par des allégeances. Le Congo est en péril. Rallumez vos flambeaux pour sauver notre pays.

Je vous prie de croire, Messieurs les ecclésiastiques, Mesdames et Messieurs les membres du gouvernement, du Parlement et des institutions nationales et internationales, à l’assurance de mes meilleurs sentiments.

Ampliations :
Nations Unies
Union Africaine
Union Européenne
BRICS
Fonds Monétaire International (FMI)
Banque Mondiale
Organisation Internationale de la Francophonie (OIF)
UNESCO
Cour européenne des droits de l’Homme
Ligue arabe
CEEAC
CEMAC
Présidence des États Unis d’Amérique
Présidence de la République Française
Royaume de Belgique
Fédération de Russie
Présidence de la République de Chine
Présidence de la République Démocratique du Congo

Présidence de la République d’Angola
Présidence de la République du Rwanda
Présidence de la République du Congo
État de Vatican
Fédération Protestante de France
Cour Européenne des droits de l’Homme
Grande Loge Nationale de France
Grand Orient de France
Conseil Oecumunique des Églises Chrétienne du Congo
Conseil des Églises de Réveil du Congo
Conseil Islamique du Congo
Église de Jésus Christ sur terre par le prophète Simon Kimbangou
Lions club
Universités

Médias

Paris, le 28 juin 2024

Ghys Fortune BEMBA DOMBE
Écrivain – Journaliste – Expert en Cybersécurité
Entrepreneur et Consultant en communication
et sur les questions de Sécurité et de Paix
E-mail : femmanuelle2021@gmail.com

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